Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

A propos de Flottes de combat (3)

Publié le par Dimitry Queloz

Royal Navy: difficultés (passagères?) de modernisation et recul quantitatif

Depuis quelques années, la marine britannique a davantage de peine que son homologue française à maintenir son niveau qualitatif, en dépit de modernisations réussies (entrée en service des six excellents destroyers Type 42, équipement des SNA avec des missiles de croisière, introduction du sonar 2087 sur les frégates Type 23... ). Ces difficultés se doublent par ailleurs d'une réduction quantitative importante. La Royal Navy paie au prix fort de mauvais choix politiques et conceptuels, parfois anciens, sans parler des conséquences de la crise économique. De 624'000 tonnes en 1979, elle est ainsi passée à 489'000 tonnes en 2003 et à 377'000 en 2012. Le nombre de navires a diminué en conséquence. En une décennie, celui des destroyers, des frégates et des sous-marins nucléaires d'attaque a globalement été divisé par deux.

En matière de dissuasion nucléaire, la dépendance technologique envers les Etats-Unis - qui date de 1963 - et la nécessité de faire des économies ont conduit à des incertitudes quant au renouvellement des quatre SNLE de la classe Vanguard. Il semble cependant maintenant acquis que le Royaume-Uni maintiendra sa force de dissuasion nucléaire dans son gabarit actuel. Toutefois, il y aura probablement une période de transition à partir du milieu des années 2020 durant laquelle il sera difficile d'assurer la mission de manière permanente. Tout dépendra des choix techniques qui seront faits dans les prochaines années, des moyens financiers à disposition et, naturellement, de la collaboration avec les Etats-Unis. Mentionnons encore que le non-remplacement des avions de patrouille maritime Nimrod, de par son impact négatif sur les missions d'interdiction - contrôle et de surveillance - protection, fragilise également la dissuasion nucléaire.

Concernant les capacités de projection de puissance, la Royal Navy se trouve dans une période de vaches maigres qui devrait durer encore quelques années. Cette situation dramatique est aussi la conséquence de choix anciens et d'une dépendance trop grande à l'égard des Etats-Unis. L'abandon des porte-avions classiques pour des raisons économiques au cours des années septante et la construction de porte-aéronefs de petite taille ont conduit à la perte de précieuses capacités. La situation s'est encore aggravée avec le retrait du service des Sea Harrier, puis des Harrier, et le déclassement en porte-hélicoptères du HMS Illustrious pour raisons budgétaires. Depuis fin 2010, la marine britannique ne dispose ainsi plus d'aucune force aéronavale. La construction de deux nouveaux porte-avions se fait attendre. Outre les raisons économiques, le programme, fortement lié à celui de l'avion F-35, a pris du retard à cause des grandes difficultés de mise au point de ce dernier. La Royal Navy disposera à nouveau de porte-avions à partir de 2017, ce qui lui fera faire un saut capacitaire significatif. Notons cependant que les moyens en service ne seront pas aussi importants que ce qui avait été prévu initialement. Le F-35 B ne sera assurément pas la merveille technologique espérée au début du programme. Par ailleurs, la réduction du nombre d'appareils - passé de 138 à 48 - permettra juste d'équiper un groupe aéronaval avec une trentaine d'avions.

La mise au point des nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque de la classe Astute se fait également avec difficultés. Le programme a quatre ans de retard. Cependant, les principaux problèmes semblent en passe d'être résolus, du moins selon les déclarations du contre-amiral Lister, responsable des sous-marins au ministère de la Défense. Enfin, le remplacement des frégates Type 23 a été repoussé et les premières du Type 26 (Global Combat Ship) ne devraient entrer en service qu'au début des années 2020.

Actuellement au creux de la vague, la Royal Navy devrait connaître une amélioration qualitative certaine au cours de la prochaine décennie et reprendre la première place -  qu'elle occupait jusqu'à récemment - parmi les flottes européennes. Pour cela, il lui faudra cependant résoudre les sérieux problèmes rencontrés par certains de ses programmes, notamment ceux relatifs aux futurs porte-avions.  (A suivre)